Je n’ai pas d’allergies alimentaires et mon conjoint non plus. Je connaissais un peu cela, car j’ai côtoyé des amies avec des allergies pendant mon parcours de vie et que je suis nutritionniste. Par contre, je n’avais jamais pensé que j’aurais à gérer des allergies alimentaires au quotidien.


Tout a commencé à l’automne 2019, à l’époque où mon fils aîné, Louis, avait 13 mois. Nous avions déjà introduit les allergènes prioritaires à la maison et tout se passait bien ; il n’aimait pas certains d’entre eux, mais je continuais de l’exposer et tout allait bien. Il avait aussi un peu d’eczéma, mais, comme son papa en avait aussi, je me disais simplement qu’il en avait hérité. On le traitait du mieux que l’on pouvait avec l’aide d’un suivi en dermatologie. 


Un jour, à la garderie en milieu familial qu’il fréquentait, l’éducatrice a servi des galettes de riz avec du beurre d’arachides. Personne n’avait d’allergies, donc il n’y avait aucun problème à en servir, mais, cette fois, Louis a réagi. Il a commencé à avoir des plaques rouges et présentait une légère enflure. Il n’y avait pas de doute : c’était une réaction allergique. Heureusement, avec une dose de Benadryl, le tout s’est replacé. Quelques semaines plus tard, il a encore eu une réaction allergique à la garderie, mais, cette fois, avec du pesto qui avait été servi dans des pâtes. Celui-ci contenait des noix de cajou et des noix de pin, donc de nouveaux allergènes à éviter. 


Ensuite, nous avons eu rapidement un rendez-vous pour diagnostiquer ses allergies. Le diagnostic a été confirmé : allergie aux arachides, à plusieurs noix et à ma grande surprise, aux œufs. Louis n’était pas fan d’œufs et avait de l’eczéma depuis bien longtemps, mais je n’aurais jamais pensé que les œufs auraient pu en être la cause. On nous a dit que, bien souvent, l’allergie aux œufs est présente lorsqu’on est allergique aux arachides. J’ai donc dû revoir un peu nos habitudes alimentaires, puis nous avons acheté du Benadryl et des Epipen. On a aussi essayé de sensibiliser nos proches sur le sujet.


Le mois suivant, une nouvelle réaction a surgi, cette fois-ci, à la maison. Louis a réagi au beurre de sésame, qu’il mangeait régulièrement dans son hummus depuis plusieurs semaines. Cette fois, des cloches sont apparues sur ses mains, au simple contact de l’aliment avec la peau. Nous sommes alors retournés chez l’allergologue, qui nous annonce une nouvelle allergie. On a donc dû revoir l’alimentation de nouveau ; le sésame peut être présent dans bien plus d’aliments que l’on pense, entre autres dans tous les pains, les craquelins, les produits de boulangerie, les croûtons et les repas asiatiques.


Même si j’avais déjà plusieurs connaissances à ce sujet, j’ai dû m’informer davantage sur les allergies, m’adapter et, surtout, apprendre à voir les allergies d’un œil différent. Malgré les allergies de mon fils, j’ai toujours vu cela comme une simple gestion supplémentaire, peut-être en raison de mon métier ou de mes expériences du passé, et j’ai tout de suite très bien accepté ses allergies.


Reste que, comme maman, on souhaite toujours que son enfant puisse en guérir…


Au mois d’octobre 2021, en plein cœur de la pandémie, nous avons reçu un appel tellement attendu : Louis était enfin admis à la clinique de désensibilisation du CHU Sainte-Justine ! Il s’agissait presque d’un rêve devenu réalité après plus d’un an et demi d’attente (selon les dires de plusieurs, nous n’étions même pas certains d’être sélectionnés, donc j’avais les larmes aux yeux lorsque nous avons reçu l’appel).


Ainsi, depuis octobre, nous avons des suivis chaque mois pour les allergies. On désensibilise tranquillement Louis à tous les items dont il est allergique, et si nous nous trouvons parmi le 80 % de personnes chanceuses, notre fils pourrait « perdre » ses allergies d’ici quelques années. Plus précisément, qu’est-ce que la désensibilisation ? Au quotidien, elle implique de donner à Louis des doses d’allergènes déjà quantifiées par Sainte-Justine (dans notre cas, poudre de sésame, arachide, cajou, pistache et œuf cru liquide) que nous mélangeons avec de la compote de pommes, en respectant un horaire établi et en nous assurant que Louis reste le plus calme possible avant et après la prise de la dose. Pour l’instant, Louis ne réagit presque pas de manière négative au traitement et il collabore très bien. 


Nous nous sentons tellement choyés et reconnaissants d’avoir cette chance.


Chez nous, les allergies peuvent comporter des défis, surtout maintenant que Louis a presque 4 ans et comprend de plus en plus ce que cela signifie. Toutefois, il fait preuve de tellement de résilience, que nous voyons les allergies comme faisant partie de notre vie, et non comme une limitation. Nous ne nous limitons jamais dans les activités, nous nous adaptons, tout simplement. J’aime croire que les allergies sont arrivées dans notre vie, car nous étions en mesure de nous adapter et de bien réagir à cette nouvelle adaptation, notamment par mon bagage personnel et professionnel.


Maintenant, j’ai décidé de faire ma part et de sensibiliser le plus possible la population à la réalité d’une personne allergique, c’est-à-dire les défis et les risques qu’elle comporte. J’ai d’ailleurs lancé mon entreprise en mai 2021, Savoureux sans allergènes. J’offre des aliments sans allergènes par le biais d’une boutique en ligne, afin de faciliter le quotidien des familles et des personnes vivant avec des allergies. J’ai également une page Facebook et un compte Instagram où je partage des informations et fais de la sensibilisation, en plus d’échanger avec des gens fabuleux.


Si je peux sensibiliser et/ou soutenir quelques familles, mon objectif sera atteint.


Noémie

Maman de Louis et Albert