Le 29 mai, je me sentais différente et m’étais réveillée avec un drôle de sentiment. Étant anxieuse, je faisais souvent des tests de grossesse. C’était la première fois je voyais apparaître une deuxième ligne, si fine, mais si significative. Comment devais-je me sentir, sachant que ma vie allait changer pour toujours ? Souffrant de dépression et d’anxiété depuis plus de 10 ans, les émotions se sont multipliées. Tout le monde me disait qu’être enceinte était merveilleux, que c’était la plus belle chose, que j’allais briller. Pour moi, ce ne fut pas le cas. Je me sens coupable de ne pas avoir aimé être enceinte. Cette culpabilité, et même écrire ces quelques mots à l’instant, me donne le sentiment d’être ingrate, car mon corps a donné la vie. 


Dès mon premier rendez-vous, on m’a dit que ma grossesse était à risque, car mon poids n’était pas idéal. J’ai ressenti la culpabilité d’une maman avant même d’être maman. J’ai été malade du premier au neuvième mois. À 11 semaines de grossesse, j’ai fait une crise d’appendicite. À 20 semaines, on m’a diagnostiqué un diabète de grossesse ; quelques semaines plus tard, je commençais l’insuline. Le sentiment de cumuler échec après échec.

 

On me disait souvent que mon diabète était une bonne chose, car, en raison de mon régime serré, je ne prendrais pas trop de poids. Je vis une grande fierté qui reste mal comprise par rapport à mon corps, car j’ai un ventre, des vergetures et de la peau en trop. Toutefois, je dois me rappeler que mon corps vient de créer un petit être humain. Mon corps nourrit, réconforte et soutient mon enfant. Ces nouvelles marques resteront pour toujours un rappel de son pouvoir. 


Ayant toujours été plus grande et plus ronde que la moyenne, on me félicite pour ma perte de poids rapide, toujours sans se soucier de la raison. Elle est pourtant due à ma santé mentale et physique. Aujourd’hui, quelques semaines plus tard, je suis sur le chemin du rétablissement après le choc que représente un accouchement. Je me fais confiance et je reconnais mon intuition maternelle. Mon bébé est en santé, et c’est la seule chose qui importe.