Mon corps a créé la vie

Par Megan Guérard

Mon corps a créé la vie.


Pourtant, au lieu de reconnaitre le miracle que j’ai accompli deux fois, je me demande de quelle façon raffermir mon ventre. Combien de redressements assis devrais-je faire aujourd’hui ? Et combien de minutes de planche ? Juste comme ça, combien coûte un redrapage des seins ? Combien de repas dois-je sauter pour retrouver ma taille « d’avant » ? 


Mon corps d’avant… 


Est-ce que mon corps « d’avant » était mieux ? Est-ce que mon fiancé le préférait, ce corps-là ? Est-ce qu’il lui plaisait plus ?


Mon corps a créé la vie, a fabriqué mes minis.


C’est tout ce qui compte. Du moins, c’est tout ce qui DEVRAIT compter. Mes enfants sont les plus beaux miracles du monde… et c’est mon corps qui les a faits. Pendant 9 mois, mon corps et moi, nous avons créé la vie. 


« Wow, tu n’as pas de vergetures ! » me disait-on naïvement, sans comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un compliment. C’est à coup de « compliments » comme celui-là qu’à chacune de mes grossesses, autour de 7 mois, les vergetures devenaient une angoisse quotidienne pour moi. 


À partir de 7 mois, lorsqu’on demandait à voir mon ventre arrondi, qui affichait alors des traces de la vie que je créais, je m’assurais de ne pas descendre mon pantalon de maternité complètement, afin de garder ces traces bien cachées… Et je continuais à recevoir des « compliments ». 


Mon corps a créé la vie, m’a donné ce que j’ai de plus cher.


Et puis, pour être bien honnête, il n’y a pas juste le corps qui change lorsque l’on crée la vie. Nos pensées, nos envies, nos ambitions changent aussi ; notre mental change tout autant que notre physique. 


Tu sais quoi, maman qui a créé la vie ? C’est correct ! C’est correct de ne pas embrasser tous ces changements-là en claquant des doigts. C’est correct de changer de plan de carrière complètement, de décider de rester à la maison et d’être une maman dévouée, ou encore de décider de concilier le travail et la famille. C’est correct de ne pas encore savoir ce que tu veux, d’avoir peur, de te remettre en question. C’est correct de te sentir triste, parfois. C’est correct d’être devenue « plate » aux yeux de certains, car, pour d’autres, tu es TOUT.  


J’ai créé la vie et je remercie mon corps. 


Tu es l’unique maman de ton ou de tes coco(s). Eux, ils trouvent que tu fais un travail merveilleux. Tes minis, ils s’en fichent complètement de ce dont tu avais l’air avant, à l’extérieur ou à l’intérieur. Pour eux, tu es le centre du monde : tu es leur maman. 


En tant que femme, c’est bien avant de tomber enceinte que commencent toutes ces réflexions. Très jeune, on se demande d’abord si on souhaite avoir des enfants dans le futur. Ensuite vient la question : combien ? Puis, viennent les pensées concernant notre corps. Quels changements la grossesse apportera-t-elle, quelles marques laissera-t-elle sur mon corps ? On se répond intérieurement qu’on retrouvera facilement notre taille de guêpe. Finalement survient le jour J. On porte la vie : notre corps nous le dit, on le sent, on le sait. Pendant les 9 mois suivants, notre corps crée le plus grand miracle du monde.


Que ton corps affiche ou non des traces de la vie ; que ton ventre porte ou non des vergetures ; que tu aies ou que tu n’aies pas les seins étirés ; que ta peau soit molle ou qu’elle ait repris sa forme initiale ; que tu aies accouché par voie vaginale ou par césarienne ; que tu aies choisi de prendre ou non la péridurale ; que tu sois tombée enceinte naturellement, que tu aies eu recours à la fécondation in vitro ou bien que tu aies dû passer par l’adoption ; tu es une maman et tu as créé la vie. Tu es une femme. Ton corps est puissant et beau. TU es belle !


Tu exerces le plus beau et valorisant de tous les métiers, mais, aussi, le plus difficile parfois. Ne sois pas trop dure envers toi-même, envers ton corps, envers tes choix. Ne doute pas de toi. Fais-toi confiance, tout comme le font tes enfants tous les jours. 


Pour ma part, maintenant que j’ai donné naissance à mon deuxième enfant, je considère ma famille complète et je ferme la boutique. J’apprécie mon corps. J’apprécie mes choix. Et, surtout, j’apprécie être leur maman. 


C’est en regardant mes enfants grandir à vue d’œil que je comprends à quel point ce que j’ai fait est exceptionnel, unique et merveilleux. Aimez-vous, aimez votre corps, aimez votre famille, et jouissez du bonheur de la vie dans le corps que vous avez, car il est tout aussi magnifique que ce que vous avez créé.